Balançant entre figuratif et abstrait, elle passe avec bonheur de l’huile au couteau, de l’acrylique à la fresque sur plâtre, en passant par d’audacieux collages ou sculptures, hymnes à la nature dans laquelle elle puise inlassablement de nouvelles sources d’inspiration. Couleurs et matières, ombres et lumières, simplicité et harmonie, un univers tout entier nourri des valeurs qui lui sont chères.
Des messages d’espoir
De retour – après quelques années d’exil dans le Sud-Ouest – sur les bords d’Annecy, Isabelle a trouvé un nouveau souffle. Emerveillée par la beauté des paysages, elle conjugue avec talent sa passion de la nature à tous les temps et sur tous les modes. Mais ses tableaux, ses compositions ses sculptures vont bien au-delà des couleurs et de la lumière. Au travers de sa technique bien particulière, qui fait la part belle au papier journal (ou autres matériaux de récupération) pris dans la peinture acrylique, elle laisse transparaître les mots, les phrases, les idées… « Les objets parlent tout seuls, et le nombre de fois ou l’on a l’occasion d’être heureux dans une journée mérite amplement d’être inscrit sur la toile », ce qui explique sa minutieuse recherche du mot juste dans les journaux et articles qui l’entourent. Ses tableaux, aux reliefs et volumes surprenants, laissent ressortir çà et là un message, qui toujours s’inspire du monde dans lequel nous vivons. Et même si son œil d’artiste ne voit souvent que le beau, elle n’est pas insensible au chaos alentours, et met avec humout de la couleur sur de vieux emballages, un recyclage clin d’œil qui n’appartient qu’à elle. « J’aime peindre sur du rien, sur tout ce qu’on jette, c’est un défi, une manière de faire passer les émotions, d’accentuer la démarche en la transcrivant dans le geste ». Pourtant, sa réflexion ne passe pas par le raisonnement, et ce sont ses sensations qu’Isabelle pare de couleurs. Elle ne cesse d’envoyer des messages d’espoir, avec des mots simples tout droit venus du cœur !
Fleurs de lotus
Si ses dernières expositions, à Annecy ou à Genève, ont largement mis son lac en valeur, son prochain accrochage sera pour sa part un hommage à la Chine. Bambous aux lumières changeantes, poissons lune et fleurs de lotus flottant au gré du vent, viendront bercer de sa musique intérieure les visiteurs de l’Impérial. Bien loin des huiles classiques dès ses premières œuvres, Isabelle ne cesse d’exploiter de nouvelles pistes, une façon de se trouver. « A vouloir être trop normatif, on risque de perdre l’essence même de ce que l’on veut dire. J’ai choisi d’emprunter de petits chemins souterrains, loin des tapis roulants de la foule, et si quelques-unes trouvent dans mon travail l’émotion du beau, je suis comblée ». Son vœu, rendre ses expositions vivantes, casser le côté emprunté des accrochages classiques. Elle place donc, au fil de son inspiration, ses sculptures au milieu du chemin, une manière bien à elle d’accueillir et d’aller au-devant de son public. Finalement, tout est dans le symbole, celui de la nature, qui demande – comme l’existence – volonté et persévérance. « Sans durée, on ne construit rien », tel pourrait être le message que les graciles fleurs d’Isabelle sèment aux quatre vents.
Marie-Caroline Boubée
ECO&VOUS, Février 2007.